Paiement par mobile : la nouvelle frontière de la téléphonie mobile en Afrique ?

Publié le par bigso

Introduite en Afrique au milieu des années 90, la téléphonie mobile a connu un
développement extraordinaire qui l’a vu dépasser, en moins d’une décennie, le
taux de pénétration de la téléphonie fixe, pourtant plus que centenaire, puis
atteindre un taux de pénétration à deux chiffres qui se situe en moyenne autour
de 30% de la population mais dépasse les 50% dans certain pays. Ce succès
s’explique d’abord par les énormes besoins en communication à satisfaire sur un
continent où les opérateurs publics se sont globalement montrés incapables de
fournir un service universel des télécommunications accessible à la majorité
des citoyens. A cela, s’ajoute qu’avec l’ouverture des marchés à la
concurrence, le ticket d’entrée pour accéder aux services de la téléphonie
mobile a drastiquement baissé au point d’être souvent quasiment gratuit si l’on
omet le prix d’acquisition du terminal qui a lui aussi fortement baissé sous le
double effet de la vente d’appareils neufs à bon marché et de l’émergence d’un
marché des terminaux de seconde main. Mieux, pour rendre plus abordables les
tarifs des communications, qui restent malgré tout beaucoup plus élevés que
ceux de la téléphonie fixe, les opérateurs ont multiplié les opérations de
promotion, réduit la valeur faciale des cartes de recharge de crédit, permis la
recharge de crédit à partir de sommes dérisoires et autorisé le transfert de
crédit à un tiers. Malgré son succès, la téléphonie mobile a pendant longtemps
offert une gamme de services et d’applications visant des niches d’utilisateurs
à travers notamment le téléchargement de sonneries et de logos, des services
d’informations par SMS et plus récemment l’Internet mobile. Les choses ont
cependant commencé à changer depuis le milieu des années 2000 avec le lancement
de systèmes de paiement par téléphone mobile tels Wizzit, M-Pesa, Text me cash,
Celpay, Orange Money, Zap, etc. Sur un continent où l’écrasante majorité de la
population est quotidiennement confrontée aux affres de la pauvreté et où de
nombreuses familles vivent, où plutôt survivent, grâce aux transferts de fonds
effectués d’un côté par les immigrés et d’un autre côté par tous ceux qui
bénéficient de revenus réguliers, ces systèmes de transfert de fonds ont
rapidement connu un grand succès. Ils se substituent en effet aux services
financiers postaux peu développés et souvent peu fiables ainsi qu’aux banques
qui jouent un rôle marginal avec un taux de bancarisation de 3,6% pour
l‘ensemble du contient africain. Dans ce contexte, et si leur utilisation
n’implique pas le paiement de commissions trop élevées, ils pourraient jouer un
rôle important pour le paiement des factures des sociétés concessionnaires (eau,
électricité et téléphone), le versement de salaires, de pensions de retraite ou
de bourses d’études, l’acquittement de certaines taxes, la réalisation
d’opération dans les organismes de microcrédit, etc. La précipitation avec
laquelle les opérateurs de téléphonie cellulaire présents en Afrique
s’empressent de proposer des services de paiement par mobile semble indiquer
qu’ils pourraient devenir la « killer application » de la téléphonie mobile sur
le continent dans les prochaines années. Sur des marchés de plus en plus
concurrentiels avec trois (Sénégal), quatre (Ghana), cinq (Ouganda), voire six
opérateurs (Côte d’ivoire) et sur lesquels la portabilité des numéros devrait
peu à peu faire son apparition, la mise en place de ce type d’application est
également un excellent moyen pour les opérateurs de fidéliser durablement une
clientèle qui devrait être de moins en moins captive. Ceci dit ne rêvons pas
trop ! L’Afrique n’ayant pas encore fait son entrée dans la société de
consommation, loin s’en faut, ces services, mêmes s’ils présentent un réel
intérêt, ne devraient pas révolutionner les activités financières et
commerciales et la valeur des transactions générées ne devrait pas porter sur
des montants extraordinaires au regard du volume global des mouvements
financiers de toutes sortes.

Amadou Top
Président d’OSIRIS

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D
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